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Qu’est-ce que la CSTI et qui sont les acteurs en Hauts-de-France ? Portrait #1 Sébastien Farin, INERIS

Terme fréquemment utilisé dans le jargon professionnel des sciences et techniques, la Culture scientifique, technique et industrielle (CSTI) ne parle pas toujours au grand public. Que signifie-t-il ? Quels sont les acteurs et structures participant au développement de cette culture scientifique ?

Ombelliscience est partie à la rencontre de ces personnes, qui contribuent, chacune à leur manière, au partage des savoirs dans les domaines scientifiques et techniques en Hauts-de-France. Parmi ces acteurs, l'association a choisi de rencontrer tout d'abord, ses membres fondateurs.

Premier d’une série de portraits, Sébastien Farin - qui travaille pour l’Institut national de l'environnement industriel et des risques (INERIS) - nous parle de son métier, de la structure pour laquelle il travaille et nous donne son regard sur la culture scientifique en général, et plus spécifiquement sur Echosciences.

Ombelliscience : Pouvez-vous vous présenter ?

Sébastien Farin : Je suis le directeur de la communication de l’INERIS qui est un établissement public qui s’occupe de l’évaluation des risques - hors risques nucléaires - que les activités économiques font peser sur l’homme et l’environnement.L’INERIS a été créé en 1990 à la suite de la fusion de deux établissements : le centre de recherches des Charbonnages de France (CERCHAR), axé sur la question des mines, et l'IRCHA qui travaillait autour des questions chimiques. L'INERIS évalue les risques pour mieux les prévenir et mieux les maîtriser. C’est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), nous travaillons donc avec différents types de structures (publiques et privées).Une part de notre activité est consacrée à la recherche. Nous réalisons aussi des études, soit pour le compte du Ministère (1) quand il s'agit d'un appui technique, soit dans le cadre de prestations commerciales pour répondre aux sollicitations d’industriels ou de bureaux d’études.

« L'INERIS s'occupe d’évaluer les risques industriels pour que la sécurité des populations concernées soit assurée. […] Il inscrit ses activités dans les grandes thématiques du moment : transition énergétique, économie circulaire, perturbateurs endocriniens… »

Omb : L’INERIS travaille sur les risques que l’activité humaine fait peser sur l’homme et l’environnement. Pour mener à bien cette mission, de quelle manière les activités de l’institut s’articulent ?

SF : L’activité de l'INERIS s’inscrit dans le cadre d’un contrat d'objectif et de performance signé avec l'État. Il fixe les objectifs de l'institut pour une période de 4 ans. Ces objectifs répondent bien entendu aux grandes thématiques d’actualité, comme la transition énergétique, l'économie circulaire… Par exemple, en lien avec la transition énergétique, l’INERIS travaille sur la sécurité des batteries des véhicules électriques et sur des problématiques autour de l'hydrogène. Plus globalement, les 550 salariés de l'INERIS travaillent à travers 3 grandes familles d'activités : - les risques dits « chroniques » . Il s’agit de toutes les activités liées à l’impact des pollutions sur l'environnement et la santé ; - les risques dits « technologiques ». Les industries sont à l’origine de risques d’accident, comme l’explosion de l’usine AZF (2), que nous contribuons à réduire et à limiter, par exemple en définissant des zones de protection autour des installations industrielles sensibles qu'on appelle les « sites SEVESO » ; - les risques liés au sol et au sous-sol. L’Institut propose une analyse intégrée des risques, qui couvre les mines et carrières en activité, l'après-mine, les risques naturels de type mouvements de terrain, la gestion des stockages géologiques.

Omb : En quoi consistent vos missions de communication au sein de l’INERIS ?

SF : La mission de la direction de la communication de l’INERIS est plurielle, comme toutes les directions de la communication. Elle porte d’abord sur la communication externe, qui vise à communiquer sur nos activités. Compte tenu de leur nature, nos « clients » sont plutôt les décideurs politiques, les industriels et les relais comme la presse ou les ONG. Notre mission est aussi interne, puisque que l’équipe de communication a aussi la charge de permettre l’information des collaborateurs de l’institut, que ce soit sur son actualité ou la vie de l’entreprise. Il y a enfin un dernier volet qui est une action importante pour l’INERIS et qui me tient particulièrement à cœur, c’est l’ouverture à la société : vu les sujets traités par l’Institut (par exemple : nanotechnologies, perturbateurs endocriniens, risques du sol, du sous-sol...) et son statut, il est nécessaire de favoriser les échanges entre nos experts et les parties prenantes. Ainsi, nos études et nos recherches sont plus en adéquation avec les attentes ou besoins exprimés par la société. Concrètement, cela se traduit par des réunions thématiques avec ces parties prenantes et des échanges réguliers avec la Commission d’orientation de la recherche et de l’expertise (Core). La Core est une instance de gouvernance mise en place en 2011 aux côtés de notre Conseil scientifique. L'idée est de rassembler les gens autour de la table, de discuter et de partager des informations. Il s’agit de donner à connaître ce que l'on fait mais en même temps d’écouter ce que les parties prenantes nous font remonter comme informations.

Omb : Que signifient ici les termes « parties prenantes » ?

SF : La Core est constituée sur le principe du Grenelle de l’environnement (3). Elle regroupe ainsi des représentants d’ONG, d’organisations professionnelles, de syndicats, d’élus et de représentants de l’État. L’idée est de travailler en amont ou pendant nos réalisations, pour avoir un retour de ces représentants sur les sujets sur lesquels on travaille. Le but est de faire en sorte que nos activités ne se limitent pas aux seuls besoins scientifiques ou techniques, et ne soient pas déconnectées des réalités sociales. Sur des sujets comme ceux que gère l’INERIS, les questionnements peuvent aussi être éthiques ou sociétaux. C’est ce regard que nous apporte les membres de la Core.

« Un ensemble d’actions conduit par l’INERIS traduit sa volonté d’être en interaction avec la société. Pour cela, il met en place depuis de nombreuses années des échanges réguliers avec les parties prenantes : […] ONG, syndicats, fédérations… »

Omb : Avant d’être à l’INERIS, quel fut votre parcours ?

SF : J'ai d’abord suivi des études scientifiques, puis j'ai eu l’opportunité de devenir médiateur scientifique au Palais de la découverte, au département astronomie/astrophysique. J’ai eu le privilège d’animer des centaines de séances de planétarium, un moment qui marque autant le visiteur que son guide ! Depuis, ma carrière professionnelle est focalisée sur la communication ou l’information scientifique : après le Palais de la découverte, j’ai été assistant éditorial à l'encyclopédie Universalis pour la création de modules d'initiation, chargé de communication au Centre de Vulgarisation de la Connaissance (4), puis j’ai rejoint l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) où j'ai été en charge de la communication du projet Cigéo, projet de stockage pour des déchets radioactifs. C’est dans ce cadre que j’ai élargi mon domaine d’intervention à celui du dialogue avec la société. Enfin, j’ai intégré l'INERIS en 2016.

« L'INERIS, en tant qu’établissement public, se doit de contribuer à la diffusion de la culture scientifique et technique, en essayant de rendre accessibles ses activités au plus grand nombre, au-delà des publics avertis. »

Omb : L'INERIS joue un rôle dans le domaine de la culture scientifique. Pour vous, qu'est-ce que la culture scientifique et à quoi sert-elle ? SF : Les sujets sur lesquels l'INERIS travaille sont souvent complexes et en lien direct avec chacun d’entre nous et avec notre environnement quotidien. Il me semble donc nécessaire de rendre accessible nos activités au plus grand nombre, au moins pour permettre à chacun de mieux appréhender les problématiques sur lesquelles nous travaillons. Tout le challenge est de savoir expliquer ce que l’on fait clairement et sans se noyer dans des détails trop complexes. C’est la mission de la direction de la communication où l’on trouve des professionnels de la communication mais aussi des spécialistes de la communication scientifique.

Omb : Que pensez-vous d’Echosciences Hauts-de-France ?

SF : La science est quelque chose qui n'est pas toujours facile à saisir… Les gens qui y viennent sont souvent des gens déjà sensibilisés, voire qui travaillent dans ce domaine. L’intérêt d'Echosciences est de rassembler sur un site unique toutes les actions conduites localement, celui qui n’est pas fan de science peut s’y égarer… voire trouver un sujet qui l’interpelle et qui éveille sa curiosité ! Parce qu’il est centré sur l’actualité locale, Echosciences permet de créer une vraie proximité entre l'activité scientifique et le grand public. Les Hauts-de-France regorgent d’initiatives, et tout le monde n’a pas cela en tête. Cela peut aussi permettre de montrer que la question de la culture scientifique peut se faire sous des formes très différentes. Finalement quand on va à Nausicaa, nous n’avons pas forcément l'impression de faire de la science, or c’est le cas : sensibilisation à la vie sous-marine, aux différents écosystèmes sous-marins, aux connexions entre les écosystèmes sous-marins et terrestres... On fait de la science même si on a l'impression avant tout de faire une visite pour se distraire ou pour voir de belles choses. De même avec les fablab, les imprimantes 3D…

Propos recueillis par A.F. et retranscrits par C.B.

(1) L’INERIS est placé sous la tutelle du Ministère de la Transition Écologique et Solidaire.

(2) Le 21 septembre 2001, l’usine AZF située à Toulouse est détruite par l’explosion d’un stock de nitrate d’ammonium. Bilan : 31 morts et 2500 blessés. La société propriétaire de l’usine a été condamnée par la justice française.

(3) Le Grenelle de l’environnement est un ensemble de réunions entre représentants de l’État, ONG, collectivités et syndicats, qui se sont déroulées en 2007 afin de prendre des décisions sur des questions environnementales majeures.

(4) Le Centre de Vulgarisation de la Connaissance (CVC), situé à Orsay, est une unité mixte de recherche entre l'université Paris Sud et le CNRS.

Publié le 26 avril 2018

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